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L’auto-édition en constante progression : un renouveau pour l’industrie du livre ?

L’industrie du livre est une grosse machine. Et elle tourne bien. En France, elle représente un peu plus de 100 000 personnes employées et son chiffre d’affaires global cumule à presque 6,5 milliards d’euros. C’est en tout cas ce que pointe le ministère de la Culture. Cependant, une vague énorme vient depuis peu ébranler cette machine bien rodée : l’autopublication ou l’auto-édition.

Cette alternative donnée aux auteurs indépendants grimpe en flèche depuis quelques années et son chiffre ne cesse de croître.

Très populaire aux États-Unis où elle a explosé ces dernières années, notamment depuis 2010 où les ventes de livres auto édités à subi une hausse de 422 %, l’autopublication séduit de plus en plus d’auteurs français.

On recense aujourd’hui plus de 25 000 auteurs indépendants (depuis 2007) qui publient chaque année un ouvrage sans passer par une maison d’édition traditionnelle. De quoi faire peur aux éditeurs, même s’ils ne sont pas en manque de manuscrits et de découvertes pour autant.

Les plateformes qui propulsent ces jeunes talents, que l’on peut même appeler les auteurs de demain gardent jalousement leurs statistiques sans jamais trop en dévoiler. Et elles pullulent sur le marché : Amazon, Edilivre, Bookélis, Librinova, Publishroom ou encore Iggybook, tout le monde s’y met, et c’est un franc succès.

Ce manque de communication sur leurs données est un facteur qui ne permet pas de pointer exactement les chiffres en rapport avec l’auto-édition en France. On sait tout de même qu’actuellement plus d’un livre sur cinq serait auto édité en hexagone. La raison ? Beaucoup d’auteurs se voient refuser l’entrée des grandes Maisons d’édition traditionnelles.

Les places sont chères et les demandes nombreuses. Cependant, beaucoup de récits sont bons, voire très bons.

L’auto-édition représente pour les auteurs en herbe une autre alternative pour publier leur ouvrage, que cela soit en livre papier ou en numérique. Le travail derrière est certes, titanesque, mais les bénéfices n’en sont que plus favorables : en auto publication c’est zéro suivi éditorial, mais plus de 70 % de recettes nettes. Bien plus qu’une maison d’édition traditionnelle où les auteurs ne touchent qu’autour de 15 %. Une réalité qui en pousse plus d’un à rester indépendant.

C’est un succès qui fait de l’ombre au marché du livre français dans son ensemble. Il est dû également à la place prédominante des réseaux sociaux, où les auteurs peuvent facilement se créer une communauté de lecteurs et d’admirateurs. La communication autour des ouvrages est un critère essentiel, que beaucoup maîtrisent aujourd’hui d’une main de maître. Et ça se ressent : en 2017, le Salon du Livre de Paris (Livre Paris) accueillait pour la première fois une hausse des auteurs indépendants sur ses stands. De quoi donner le sourire à ceux qui souhaitent se lancer.

Les auteurs indépendants se voient aussi prendre la voie de l’auto-édition pour assurer une première visibilité avant de se voir proposer des contrats d’édition traditionnels. C’est notamment le cas de Sophie Tal Men ou d’Agnès Martin Lugand qui de par leur succès en auto-édition puis en Maison d’édition traditionnelle par la suite, donne de l’espoir à tous les écrivains en herbe.

Malgré tout, l’enjeu principal pour les Maisons d’édition traditionnelles est d’avancer main dans la main avec le secteur de l’autopublication. Le métier est différent, et leur principal objectif est de faire grandir l’industrie du livre pour prôner les valeurs fortes de la culture.

D’ailleurs, la force d’un domaine en particulier ne réside-t-elle pas dans le mélange des genres ?